Mercredi 4/12/2019
Cheminots, enseignants, étudiants, policiers, éboueurs, avocats aux côtés des syndicats, partis d’opposition et « gilets jaunes » appellent à la mobilisation jeudi – avec un trafic très perturbé prévu dans les transports – contre la future réforme des retraites que l’exécutif est déterminé à mener à terme.
Cheminots, enseignants, étudiants, policiers, éboueurs, avocats aux côtés des syndicats, partis d’opposition et « gilets jaunes » appellent à la mobilisation jeudi – avec un trafic très perturbé prévu dans les transports – contre la future réforme des retraites que l’exécutif est déterminé à mener à terme.
La SNCF prévoit 90% des TGV et 80% des TER annulés, quand la RATP annonce un trafic « extrêmement perturbé » avec 11 lignes de métro fermées, plus que le 13 septembre, lorsque le mouvement avait quasiment paralysé la capitale.
Dans les airs, 20% des vols seront supprimés sur le territoire français. Air France a annulé 30% de ses vols domestiques, 15% des moyens-courrier.
Le mouvement pourrait durer plusieurs jours: les syndicats de la SNCF et de la RATP ont appelé à une grève illimitée.

Une intersyndicale (CGT, FO, la FSU, Solidaires, Unef, Fidl, MNL et UNL) est programmée vendredi pour envisager la suite. En l’absence notable de la CFDT, favorable à un système de retraites « universel », « plus lisible » et « plus juste ».
Anticipant un mouvement long, dans un contexte social tendu où les mécontentements se multiplient (hôpital, urgences, police, enseignants, cheminots, « gilets jaunes »…), l’exécutif a enchaîné les réunions, dont un séminaire gouvernemental dimanche à Matignon.
De son côté, le haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye, continue de recevoir syndicats et patronat, avant de rendre ses conclusions à Édouard Philippe lundi 9 ou mardi 10 décembre.
En première ligne, le chef du gouvernement doit dévoiler le projet à la mi-décembre pour une présentation au Parlement début 2020.
Il a laissé une porte ouverte à une entrée en vigueur après 2025, année prévue au départ. Et à des thèmes chers aux syndicats, comme les droits familiaux, la pénibilité ou les « garanties » attendues par les enseignants, dont près de sept sur dix seront en grève.
La fermeté reste toutefois de mise: « Je n’y renoncerai pas », a prévenu Emmanuel Macron, quand Édouard Philippe est « plus déterminé que jamais ».
Mais le spectre de 1995 pèse. Alain Juppé, le Premier ministre d’alors, avait dû reculer sous la pression de la rue sur sa réforme des « régimes spéciaux ».
Plusieurs sondages ont montré que si les Français sont favorables à une réforme des retraites, une majorité soutient également la mobilisation.
L’initiative d’une grève reconductible est venue de syndicats de la RATP, après une grève le 13 septembre qui a quasiment paralysé la capitale et ses environs.
SNCF, Air France, EDF, poids lourds, avocats, enseignants, crèches… Le mouvement a pris de l’ampleur au fil des semaines, s’étendant aux « gilets jaunes », mais aussi au Parti socialiste, au PCF, à La France insoumise et au Rassemblement national.
La mobilisation sera un « grand moment de la vie du pays », estime ainsi Jean-Luc Mélenchon, qui compte y participer.
Peu habituées à battre le pavé, la CFE-CGC va manifester, la CFTC a laissé ses syndicats « libres » de rallier, des fédérations Unsa se rassembleront devant Bercy… Et la CFDT-Cheminots, à contre-courant de sa centrale, appelle à une grève illimitée.
« D’une façon générale, tout le monde y perdra », a estimé mardi François Hommeril, le président de la CFE-CGC, à propos de la réforme.
Plus de 300 cortèges sont prévus en France, selon la CGT. C’est deux fois plus que pour les mobilisations contre la loi travail en 2016.
A Paris, la préfecture de police a décidé de la fermeture de tous les commerces sur le parcours (gare de l’Est-Nation), arguant d’un contexte social « des plus tendus » qui pourrait générer « violences et dégradations ».

Les syndicats assurent que leurs services d’ordre seront « renforcés ». « Mais notre rôle est bien de sécuriser les manifestants et non un rôle de police », a relevé Benoît Martin (CGT Paris). « On n’a pas des bataillons de catcheurs en réserve! », a ajouté Jacques Borensztejn (FO Paris).
Le projet de loi définissant le système « universel » de retraite est une promesse électorale d’Emmanuel Macron en 2017, qui affirmait alors que le « problème des retraites n'(était) plus un problème financier ». Mais depuis les prévisions se sont dégradées. Du coup, l’exécutif réfléchit à des mesures d’économies avant même l’application de la réforme.
« Si dans cette réforme il y a l’idée qu’il faut travailler plus longtemps, c’est niet », prévient Laurent Berger, le patron de la CFDT, dans Paris Match mardi.